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Choses lues

Chose lues

Ici, je partage mes meilleurs moments de lecture sur le thème des arbres...

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Andrée Corvol

L'homme réduit le monde végétal aux plantes qui lui sont utiles : il règne sur elles comme sur tout le reste. L'unité du vivant émergea à mesure que la compréhension des êtres renonçait au modèle analogique. En effet, c'est à l'époque des Lumières que les spécialistes cherchèrent moins les ressemblances et davantage les solidarités entre les espèces : pour vivre et pour manger, elles dépendent les unes des autres. Cela n'empêcha pas d'étudier les arbres séparément de la flore et de la faune. Pourtant, ils vivent en symbiose : chaque essence possède une escorte spécifique, nécessaire à son installation et à son développement. Cette erreur de perspective est explicable : l'alliance du gigantesque et du minuscule, de l'inerte et du mobile, paraissait saugrenue. En revanche, le rapprochement entre les arbres et les hommes relevait sinon de l'évidence, du moins de l'espérance.

L'arbre est plus grand et plus gros que l'homme : il dure plus longtemps si l'on excepte les vergers coupés tous les dix ans, les taillis tous les vingt ans, les peuplements résineux tous les cinquante ans. Cela dit, il est des ligneux qui dépassent 100 mètres de haut, 1000 ans d'âge, 1000 tonnes de biomasse... Dans l'océan, les plus grandes créatures n'excèdent pas 40 mètres de long et 10 tonnes de biomasse. L'éléphant est un nain comparé aux arbres, un nain qui vit cinquante ans, c'est-à-dire moins qu'un chêne ou qu'un tilleul ! Devant une telle longévité, comment ne pas rêver d'immortalité ? Devant une telle supériorité, comment ne pas relier les arbres aux forces aériennes et souterraines ? Ils touchent le ciel et percent le sol. Comment ne parlent-ils pas aux dieux ? Mieux, comment n'en seraient-ils pas ?

L'arbre en Occident, chapitre IV : Relier le ciel à la terre. Le fonds archaïque (7000 à 3000 ans av. J.-C.)

Jacques Lacarrière

 
LacarriereJ'approchai l'arbre vers le soir et d'emblée je le reconnus, inchangé malgré les années. Si les arbres vieillissent autrement que les hommes, c'est qu'ils ont autre chose à nous dire. Sur son tronc, la peau s'écaillait par endroits livrant à l'air la chair à vif. Dans le canal, depuis longtemps désaffecté, lentisques et nénuphars couvaient un monde d'hydromètres, d'araignées d'eau, d'élytres bleus. J'écoutai longtemps ce silence. Puis je fermai les yeux et je me glissai sous l'écorce. Au début, je n'éprouvai qu'un peu de [...]

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Date de dernière mise à jour : 2024-07-26