Un chêne
Surgi là via un gland de passage,
Se trouvait très surpris
D'être seul dans un champ.
A l'abri d'un talus,
Il put devenir grand
Puis dominer les haies
Et abriter ces clans
Que forment les oiseaux
Quand ils sont en voyage.
Quelques siècles plus tard,
Son embonpoint aidant,
Il recevait beaucoup.
Des volatiles certes,
Mais aussi des humains
Qui l'avaient découvert
Et s'adressaient à lui,
Témoin de l'univers.
Ils louaient sa splendeur,
Mesuraient son pourtour,
Estimaient sa hauteur,
Questionnaient les voisins
Et scrutaient chaque branche.
Un beau jour, vint un car
Chargé de doctes gens,
Tous bardés d'appareils,
Et tous, le regardant,
Se déclaraient heureux
D'être ainsi en présence
D'un arbre de mémoire
Au si vaste contour. Il sera désormais
Au Panthéon des arbres
Car il est remarquable
Explique le label
Décerné ce jour-là.
Un chêne disait à un hêtre,
Qui le prenait un peu de haut,
Pourquoi veux-tu être le maître ?
L'autre lui dit, tu es de trop !
L'eau semblait suffire aux deux êtres,
Le soleil semblait l'être aussi,
Ainsi va l'esprit de conquête.
Mais un jour, vint la tronçonneuse,
Abattit l'un, l'autre suivit.
Les deux grands arbres ont péri
Pour qu'une route passe ici.
La vie des uns prend la vie des autres.
A entendre certains apôtres
Celle des autres ne vaut rien,
Si on tue, c'est pour notre bien.
Date de dernière mise à jour : 2022-08-15